La grande démission : mythes et réalités
Un terme que l’on entend beaucoup depuis quelques années et fait référence au nombre important de démissions que le monde du travail enregistre, notamment aux Etats-Unis. Mais qu’en est-il vraiment ?
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Qu’est-ce que la « Grande Démission» ?
Le terme nous vient des Etats-Unis, qui a connu en 2021 un niveau historique de démissions avec 47 millions d’Américains (soit environ 25% de la population active) qui ont quitté leur travail volontairement.
Pour 2022, les économistes américains annoncent une baisse du mouvement malgré une prévision de 20% de départs supplémentaires. Ce niveau n’a jamais été aussi élevé depuis que les statistiques sur le sujet existent aux Etats Unis.
Qu’en est-il en France ? Le taux de démission atteint des niveaux élevés avec près de 500 000 démissions par trimestre entre fin 2021 et début 2022, mais ces chiffres ont déjà pu être observés auparavant comme en 2007 par exemple.
En supposant que l’on reste sur ce rythme jusqu’à la fin de l’année 2022, nous atteindrons un nombre de démissions équivalent à 10% de la population active. La France est donc encore loin du phénomène observé aux Etats-Unis, mais ces chiffres doivent nous interroger.
Les raisons du phénomène
Les motivations de ces départs sont nombreuses. Bien sûr, l’impact de la crise sanitaire ne peut être nié. Cette période complexe a engendré beaucoup de questionnements pour la plupart des travailleurs notamment sur l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Beaucoup de personnes ont eu le temps de réfléchir à la place que prend le travail dans leur vie et nombreuses sont celles qui ont choisi de se réorienter pour trouver un emploi ayant plus de sens à leurs yeux.
L’une des explications à ces démissions réside dans la reprise économique « post covid » que nous avons pu observer depuis 2021.
La création d’emplois explose et les entreprises ont de plus en plus de difficultés à recruter : dans ce contexte, le rapport de force « recruteur – candidat » s’est inversé.
La situation est incontestablement en faveur des candidats depuis de nombreux mois et encourage donc les salariés en poste à quitter leur entreprise pour de nouveaux horizons.
Néanmoins, les motivations principales restent universelles : meilleure rémunération, temps de trajet réduit et augmentation significative de son équilibre personnel et professionnel.
Les facteurs et les solutions internes
Les raisons internes à une démission ne doivent pas être sous-estimées. Souvent, c’est en raison d’une frustration ou d’un conflit avec son manager que l’on quitte une entreprise.
Les conditions de travail sont évidemment importantes (environnement dégradé, manque de confort ou de matériel adapté) et peuvent pousser les salariés à quitter leur entreprise à la première opportunité plus favorable.
Cependant, beaucoup d’entreprises ayant investi de manière conséquente dans une évolution de l’environnement de travail constatent malgré tout un nombre élevé de départ au sein de leurs équipes.
Il s’agit alors de se pencher sur la gestion des ressources humaines et le rôle du manager est décisif en la matière. Dans un contexte de pénurie de main d’œuvre, un salarié qui ne se sent pas valorisé, reconnu et considéré par son manager, n’hésitera pas longtemps avant de démissionner.
Si toutes les entreprises n’ont pas les moyens d’améliorer les locaux à disposition de leurs salariés, toutes peuvent s’efforcer de garder leurs équipes motivées et engagées.
L’attention, le respect et la reconnaissance sont, de notre point de vue, plus efficaces qu’un baby-foot ou une salle de sport pour garder ses équipes et les dissuader de démissionner.